Inde - fête des lumières

Le fleuve gris coule avec nonchalance.
Le soleil s’abaisse à l’horizon,
Rougissant les murs blancs des maisons entassées
Qui dominent les escaliers que je ne vois plus.

Des milliers d’hommes,
Des milliers de femmes,
Des milliers de couleurs,
Des apparats resplendissants,
Violets, rouges, bleus, jaunes, verts, oranges…
Tout en variations de teintes
Qui éclatent au dessus de la grisaille de l’eau.

Des enfants jouent
Les pieds dans l’eau
Qui porte leurs cris jusqu’à moi,
Sur l’autre rive.

J’entends les chants sacrés,
Les mantras scandés,
La joie débordante,
La dévotion manifeste.

Toutes ces couleurs vivent, bougent ;
Chacune d’elle vient déposer sur l’eau une bougie
Que le fleuve emporte sans ardeur.

Les milliers de flammes
Font briller les bijoux tintants,
Soulignent les entrelacs dessinés au henné,
Eclairent les yeux tout en prière.

Toute l’Inde est là,
Riche et démunie
Dansante et immobile
Grise et colorée
Pleine de dévotion joyeuse.

De l’autre côté de la rive
Je vois.
Je suis la vache sacrée
Et aujourd’hui les Hommes m’ont oubliée
Pour célébrer la fête des lumières.

Mais j’accueille sans tristesse
Car je sais qu’au petit matin
Nous serons tous et chacun
Une flamme errante sur le fleuve « Vie »
Fragile aux vents,
Forte de lumière.